Momon Maguy Chayne Sporting-Club Salonais Rugby Salon

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Momon et Maguy    Si loin, si proches

  

Une belle frayeur!

          Il faut rappeler ici que tout cela se passait pendant la guerre et l’occupation, puisque mon séjour bancaire s’est déroulé de 1942 à 1947, exactement du 22 juillet 42 au 7 juillet 46 (47 ?), et un jour, il nous arriva une aventure qui aurait pu mal tourner, mais qui somme toute, ne se passa pas trop mal.


Il y avait eu des bombardements de la base aérienne sur les batteries de DCA qui entouraient le camp d’aviation et sur la piste d’envol. Les allemands ne pouvaient donc plus faire décoller leurs avions qui allaient bombarder l’Italie ou les convois alliés en Méditerranée. Aussi les allemands avaient-ils besoin de main d’œuvre pour réparer les dégâts, mais cela, nous ne le savions pas…


 

 

          Ce jour-là, je fus commandé pour aller établir un télégramme à la Poste, ainsi que j’en avais l’habitude. J’avais quasiment terminé quand la porte s’ouvrit à grand fracas sur deux sentinelles allemandes, un policier français, un salonais par surcroit, les accompagnait. Les Boches, en hurlant, réclamaient « les papirs » l’agent me dit qu’il fallait s’exécuter pour être tranquille, il avait plus peur que moi !


C’est donc ce que je fis, et, le fusil dans le dos, je sortis de la Poste pour retrouver dans la rue quelques dizaines de gars solidement encadrés par des soldats allemands. Nous fûmes tous conduits à la Mairie où l’interprète, que je connaissais, nous donna l’ordre, sous peine de représailles dans la ville, d’être à sept heures le lendemain sur la place Thiers (qui devint celle de la Libération), là on nous rendrait nos cartes d’identité avant de nous affecter à de menus travaux (sic !). Il fallait prévenir notre famille et nos patrons que nous étions requis. Puis l’interprète nous donna l’ordre de nous disperser en attendant le rendez-vous du lendemain.


Je dois vous dire que, avec tous les gars que je connaissais dans la même situation, nous n’en menions pas large, on ne savait pas quel serait notre sort : Départ en Allemagne ? Aller sur Marseille bombardé aussi ? Nous n’en avions aucune idée. Enfin, au rassemblement du matin, les Boches, baïonnette au canon, nous firent monter dans de gros camions, direction la base aérienne, pour boucher les trous des bombes. Là, on a commencé à respirer, on savait au moins notre destination. En nous débarquant, un officier allemand nous a fait dire par l’intermédiaire de l’interprète que « Plus tôt vous aurez bouché les trous, plus tôt vous serez libres »


Tu parles ! Il y avait des trous qui auraient contenu une maison entière. Nous étions affectés à une entreprise allemande, La Boetch, avec Ernst, le chef d’équipe allemand et deux sentinelles armées. Notre travail consistait à envoyer dans le trou les pierres, la terre, toutes les sortes de matériaux qui nous étaient apportés par des moyens vétustes et insuffisants, mulets et chevaux tirant des tombereaux gros comme des boites de sucre, camionnettes ou camions fonctionnant au gazogène et que les chauffeurs ne faisaient guère ronfler. Tout ceci entrecoupé par des alertes aériennes provoquant des sprints à vous couper le souffle pour aller se mettre à l’abri sous les peupliers de Paralou, un domaine agricole sur la route de Pélissanne à Lançon : Heureusement qu’à ce moment-là, j’avais un sacré entrainement, car j’avais commencé à jouer au rugby. Je restais dans cette galère exactement treize jours qui me parurent très, très longs.

  

Momon 1943: 17 ans