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Momon et Maguy    Si loin, si proches

1900-2000    (Titre de Maguy)

13 Décembre 2003

          

          J’ai laissé depuis longtemps mon cahier et mes souvenirs dormir au fond de moi. D’abord, j’ai perdu le bel équilibre qui me faisait écrire par plaisir et bien, mais depuis quelques mois, je ne maitrise plus mon stylo qui part dans tous les sens malgré moi. Est-ce que cela tient à l’âge ? Aux idées qui me trottent dans la tête ? Chi sa, chi sa, chi sa ?... Mais depuis quelques temps, l’envie de m’y remettre est revenue, j’espère que l’écriture suivra.

          Pourquoi 1900-2000 ? Parce que j’ai l ‘impression d’avoir vécu tout ce siècle. Par papa, maman, et mes grands-pères, j’en ai toujours entendu parler, et comme je suis souvent seule, Momon étant plus souvent au lit ou dans sa chambre qu’avec moi, ça trotte dans ma tête et j’ai souvent la nette impression qu’ils sont là, tous ceux qui m’ont tant aimée et à qui je l’ai bien rendu. D’ailleurs, les disparus ne sont morts que si on les oublie. Si on pense à eux souvent, ils sont là toujours, et moi, par bonheur je n’ai oublié rien ni personne.

 



  

          Ce siècle a passé bien trop vite, et pourtant, que de progrès, que de changements, que de choses j’ai vu arriver ! Où est le temps où on lavait le linge au lavoir, tout le quartier dans la même eau qui s’évacuait par un petit trou ? Où est le temps de la vaisselle aux cristaux, ça durait deux heures et j’avais horreur de ça, à 11 ou 12 ans, c’était une vraie punition (qui n’en était pas une d’ailleurs !) Maman cousait, papa travaillait, les petits jouaient, et moi, la grande,  je faisais la vaisselle, je balayais, je ramassais les épingles par terre, c’était le jeudi, jour sans école, école que j’ai arrêtée à 13 ans après le certificat. Je tricotais déjà les pulls de toute la famille !

           Le soir, l’été, rue Eugène Pelletan, chacun sortait sa chaise, les petits jouaient sur la Place Neuve (c’était le haut de Lambesc démoli en 1909 au tremblement de terre, qui avait laissé une grande place où la mairie avait installé de grands étendoirs : jamais un mouchoir n’a manqué au compte, les temps ont bien changé !) Là, les femmes enfilaient des perles multicolores sur du fil de fer pour les deux fabriques de couronnes mortuaires de Lambesc, Clot et Causan. D’autres triaient les corbeilles d’artichauts pour les usines Barbier-Dauphin, Baudoux eu Eugène Ours, où ma tante Alix, la sœur de papa, était employée de bureau. D’autres tricotaient ou crochetaient, mais surtout, on se racontait les potins du village.

          C’est un soir comme ça que l’aurore boréale est sortie de Ste Anne, immense, rouge, jaune, orange, les commentaires allaient bon train, va comprendre une chose pareille, les vieux avaient peur et prédisaient les pires choses, choses qui sont vraiment arrivées en bout de compte trois ans plus tard :  Hasard, vrai, faux ?  Nous, les jeunes, on était monté sur Berthoire pour voir ça, c’est une chose qui m’a marquée et à laquelle je pense souvent.

  

Le quartier de la gare au début du siècle

A gauche, la maison des Robin

L'atelier de Paul devait être à la place du bar

Maguy et ses copines

          Je pense souvent, mais depuis peu quand même, que j’ai toujours aimé les cimetières, et la raison est simple, je crois. Quand je suis née, ma grand-mère Margot était morte depuis onze ans, en 1914, qu’est-ce que c’était que onze ans, pour maman, c’était hier, et du plus loin que je me rappelle, nous sommes allées voir sa mère, tous les soirs, toutes les deux ; ça a dû me marquer, et ça me manque. Si j’étais à Lambesc, tous les soirs, je le sais, j’irais au cimetière, oui, ça me manque beaucoup, mais autour de moi, personne ne le comprend, et c’est normal, je pense. Comme dit le papé dans Jean de Florette « C’est pas nos affaires », mais c’est tellement les miennes ! J’irai un jour.

  

Grand-mère Margot