Momon Maguy Chayne Sporting-Club Salonais Rugby Salon

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Momon et Maguy    Si loin, si proches

  

     Du côté de mon père, je n’ai pas connu mon grand-père, Victorin, car celui-ci est mort en 1912 (il était né le 4 Mars 1876), alors que mon père n’avait que 7 ans. Mais je me souviens l’avoir vu en photo chez ma grand-mère. Une photo ne parlant pas, il m’était difficile de lui demander des renseignements, et puis, dans les temps anciens, les enfants n’avaient pas droit à la parole et ne devaient pas poser de questions. La seule chose que je suis arrivé à savoir, c’est qu’il était natif de Cheval Blanc dans le Vaucluse, qu’il était un excellent melonnier. Il transportait ses melons par pleines charrettes à Marseille, au marché du Cours Julien : A l’époque, ces melons avaient un goût formidable, car ils murissaient au beau soleil de la Provence, ce qui leur donnait un parfum exquis et une belle couleur jaune canari, cette couleur était d’ailleurs leur nom.

  

Mes grands parents paternels

Victorin Chayne

Manainne, qui de surcroît était ma marraine, fut pour moi une deuxième mère, car dans ma prime enfance, elle m’a gardé très souvent, mes parents travaillant tous les deux. Elle habitait sur le Cours Gimon, au-dessus de la Pâtisserie Bernard, qui deviendra plus tard Bertrand, puis Vert, elle l’est toujours aujourd’hui d’ailleurs. J’explique tout ça, car, étant très gourmand, ce qui ne m’a pas quitté  -oui, je le confesse, je le suis toujours à plus de 70 ans – donc, cette pâtisserie, le soir, était fermée par un grand rideau fait de larges panneaux en fer que l’on abaissait ou relevait le matin suivant le besoin. Et moi, à la fermeture, j’avais l’impression que la pâtisserie s’arrêtait pour toujours et je posais à chaque fois à Manainne la sempiternelle question : »Manainne, les brioches ferment, est-ce que demain, elles ouvriront ? ». J’étais ravi, le matin en arrivant chez ma grand-mère, de voir le magasin bien ouvert avec, en vitrine, des montagnes de brioches, gâteaux et autres douceurs, car j’allais pouvoir en manger, pour mon plus grand plaisir.

Avec ma grand-mère, nos occupations variaient au cours des saisons, nous allions à la colline avec ses acolytes : bien souvent Mme Cornand, une veuve comme elle, et Mme Savoye, femme du menuisier du boulevard de l’Hôpital, qui n’était pas encore boulevard F. Mistral. Manainne disait de cette personne : »Elle est brave, dommage qu’il lui manque une case », mais cela ne devait pas beaucoup la gêner car elles étaient toujours ensemble.

Donc, nous allions à la colline ramasser la salade des champs, nous en trouvions partout car la colline n’était pas comme maintenant enclose de partout par des propriétés, du fil de fer barbelé et des panneaux d’interdiction ! Nous pouvions circuler partout et faire la cueillette de notre champanelle, la « mourre de pouar » et des amères et quantité d’autres dont le nom m’échappe, mais qui n’avaient pas de secret pour elles trois.

D’autres fois, lorsqu’il faisait trop chaud pour aller se promener, Mannaine descendait sa chaise avec d’autres commères du quartier que je revois dans le flou de ma mémoire sans pouvoir me souvenir de leur nom, et là, elle enfilaient des perles qui servaient à la fabrique de couronnes funéraires, car à l’époque, les fleurs fraîches étaient rares lors des enterrements. Ces perles étaient destinées à Mme Fouga, marchande d’articles funéraires, dont le mari était ouvrier imprimeur aux Etablissements Chevalier situés boulevard de la République ; ce couple de braves gens avaient une fille Rosane, qui était amoureuse de mon oncle Paul, lequel travaillait avec son père. Je me rappelle, à propos des Fouga, un mystère que je n’ai jamais élucidé dans sa bizarrerie : ma grand-mère habitait au 2ième étage de la maison, et l’on pouvait communiquer avec les Fouga par le trou d’écoulement de la pierre d’évier, avec leur cuisine située au rez-de-chaussée de la maison d’à-côté. C’était rigolo d’entendre leurs conversations d’évier à évier, presque le téléphone… Mystère !!!

Quant à moi, avec les garnements du quartier, nous ne faisions que courir tout le long du Cours Gimon, de la boucherie d’Henri Gilles à la ruelle qui séparait le bar Régence du garage Castellan. Après, c’était interdit et comme j’étais à l’époque pas trop aventureux, et bien obéissant –J’ai changé depuis- je respectais la consigne.

  

Quant à ma grand-mère Joséphine, née Dieulefait et que j’avais surnommée « Manainne », c’était « une sainte », au sens péjoratif du terme, car elle ne croyait ni à Dieu, ni à Diable, mais elle avait élevé ses trois fils toute seule, fils qui au moment de son veuvage étaient âgés, mon père de 7 ans, mon oncle Georges de 4 ans et Marius de 2 ans. Par la suite, elle s’était remariée avec un nommé Pons, maquignon et boucher chevalin, qui lui en a fait « baver des rondelles de chapeau » et qu’elle a mis à la porte de son ménage quelques années plus tard, après qu’elle ait eu avec lui son 4ième fils, mon oncle Paul, de 11 ans mon aîné, puisque né en 1915.

Joséphine Dieulefet
Manainne