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Momon et Maguy    Si loin, si proches

Nouvelles épreuves

Le travail a repris, pour peu de temps, car le 15 Aout, enfin, débarquement en Provence, ouf, ils vont enfin partir. Mais le 16, à huit heures du matin, les Anglais ont bombardé la gare de Lambesc où était en attente un train de munition qui devait partir vers le nord.

Le temps de se mettre à l’abri dans la cave à vin de grand-père, une pièce en béton qui était dans la remise, un bruit nous assourdissait pendant trois ou quatre minutes, de la poussière nous étouffait tous les quatre, Nanot et Loulou bien serrés entre maman et moi. La porte de la cave était arrachée, je manquais d’air et je suis sortie. Tout était par terre, plus de maison, ni en haut, ni en bas, nos aubergines sur le cerisier, un gars (vivant heureusement) couché sur nos salades, enfin, c’était l’apocalypse. Moi, après tout ce qu’on venait de vivre en Juin, ça ne m’a pas tellement touchée, on était tous les quatre, pépé et la tante étaient là, et Mr et Mme Robin aussi, la maison, basta ! Il n’y avait qu’une seule morte, Mme Reveillet, que le souffle de l’explosion avait collée sur la porte de son jardin, elle avait quatre-vingt-dix ans et est partie sans s’en rendre compte.

Là ont commencé quelques moments épiques : Je suis rentrée dans ce qui restait de la maison chercher la valise de maman, qui contenait ses sous, ses titres, ses papiers de famille, ses bijoux et les nôtres. Elle était prête depuis la mort de papa, car tous les jours, de « bons français » passaient nous avertir qu’on allait venir nous chercher pour nous déporter comme famille de terroristes. On avait mis une échelle derrière, dans le poulailler, cela nous aurait permis de partir par ma chambre à travers champs pour nous cacher. Donc, je récupère la valise, et nous voilà, tous ceux du quartier, les Serre, Andreis, Robin, Isnard, Pfeiffer et d’autres, cinquante-deux en tout, à coucher pendant quinze jours sur de la paille, dans une cave du moulin à grains vers Rognes. Pépé, lui, n’a pas quitté sa maison, avec la tante, ils sont restés chez eux, enfin, dehors de chez eux, à surveiller les maisons du quartier, car le pillage a vite commencé. C’est comme ça qu’un copain de papa, qui connaissait mon vélo l’a retrouvé quinze jours après du côté de St Roch et j’ai pu le récupérer grâce à lui.

  

     Ces lignes ne sont qu’un entracte qui m’a fait du bien. Passons vite sur ce mois de Juin 44 où ma vie a été foutue en l’air, et encore, moi, je n’ai pas vu les fusils braqués sur moi, je n’ai pas subi physiquement et moralement ce que eux ont subi. Mon Paul, si beau, que je n’ai pas revu, à l’annonce de sa mort, je n’ai pas quitté mon lit de huit ou dix jours, dès que je me levais, je tombais dans les pommes. Maman sublime courageuse, pépé et la tante aussi, qui se sont occupés d’eux dans la mesure où les boches l’ont permis. Je passe les détails, mais je n’oublierai jamais ça, et le mot « allemand » me donne le vertige, jamais, jamais je ne pardonnerai, la haine est au fond de moi, et comme l’huile qui remonte toujours sur l’eau, elle revient dans ma gorge à leur seule vue, même à la télé.


Quinze jours après ce drame, maman m’a dit « Il faut se remettre au travail, la couture nous attend ». Les clients, les vrais, les amis, les vrais aussi, même les curieux, venaient se faire habiller chez nous, mais les rires et les chansons ne sont pas revenus à l’atelier. Et puis, j’avais Mr et Mme Robin à soutenir, en perdant leur fils unique, toute leur vie s’est effondrée en un jour. Marius, le père, est mort de chagrin quelques années après, il ne s’est jamais remis. La mère, Augusta est morte, douce folle, à l’hospice de Lambesc : J’étais parmi les six femmes qui ont porté son cercueil dans l’église et au cimetière, jusqu’au trou où j’ai pu apercevoir celui de Paul, mais c’était en 65 ou 66, je ne me rappelle plus.


  

L'affaire du train de Lambesc .


Ce jour-là, une formation de huit P-47 américains assure une mission dite de "reconnaissance armée" dans le secteur nord de Marseille. Ils n'ont pas d'objectifs précis mais doivent intervenir sur tout regroupement des forces allemandes qui tentent de parvenir sur la zone de débarquement.
Au-dessus de Lambesc, ils repèrent un convoi ferroviaire, transportant notamment des véhicules, stationné dans la gare ainsi que d'importantes colonnes automobiles circulant sur l'ancienne N7.

Vers 17h00, les 8 P-47, menés par le 1er Lt. Caldwell, commencent à mitrailler tout ça. D'après des habitants de Lambesc, l'attaque dura plus d'une demi-heure; ils parlent de "milliers de douilles qui dégringolaient du ciel".

Toujours est-il que le Lt Caldwell, lors de l'un de ses passages en rase-mottes, atteint un wagon de munitions qui explose entourant son P-47 de débris. Le moteur est en feu, le pilote parvient à reprendre de l'altitude et se parachute. Caldwell sera recueilli par des habitants et rejoindra les troupes US trois jours après. Son avion s'écrase dans les collines au nord de la ville.

Ajoutons que, lors de ce mitraillage, les pilotes US découvrirent, avant l'heure, les effets d'une certaine forme de bombe au napalm; en effet, au lieu de larguer leurs bombes en altitude avant de passer à l'attaque, comme le voulaient les réglements, ils les larguèrent directement sur le convoi ferroviaire au cours de leur mitraillage en rase-mottes, avec les effets que l'on peut imaginer...c'est ce qui apparait dans les rapports de mission.

  

Hiver 44/45

maguy, avec Estelle, puis avec Paul Pelen et un officier américain hébergé chez tantine